La Compagnie KLASSMVTE

La compagnie KLASSMVTE naît suite aux succès remportés par Pascal Delhay durant ses présentations à différents concours internationaux et Nationaux:

  • le 1er prix du Concours international de Nyon en Suisse de 1986 avec: « Bonnie & Clyde« , duo de Pascal Delhay & Pascale Péré  » et le prix de la presse toutes catégories confondues en 1986 pour ce même duo .
  • finaliste au concours chorégraphique de Paris avec ses deux solos « 2×4 Womb » et « 1013 millibars » sur des musiques originales de Marc Khanne.

Fondation de la Compagnie KLASSMVTE

Ces succès amènent Pascal Delhay à fonder la COMPAGNIE KLASSMVTE en 1986 à Toulouse.

Pascal Delhay travaille alors avec Muriel Barra, Nathalie Carrié et le comédien Amalio Rodriguez. Une « véritable famille » grâce à laquelle il précise et approfondit son approche du mouvement et de la théâtralité.

Amalio Rodriguez

Dans le monde alors fleurissant de la danse contemporaine à Toulouse, Pascal Delhay et ses partenaires de la Compagnie Klassmvte, occupent alors une place privilégier à la créativité explosive.

Les créations de la Compagnie Klassmvte se succèdent :

« Les Chercheuses de Poux » 1991, « Bannières de Mai » 1992 A. Rodriguez, N. Carrié. P. Delhay, Compagnie Klassmvte

  • « De Mémoire d’Amnésique « , quintet 1988.
  • « Matinée d’ivresse », septuor 1989 : création qui représente Toulouse à la Biennale des jeunes créateurs d’Europe et de Méditerranée à Marseille.
  • « Les Chercheuses de Poux », quatuor,1991, Théâtre Garonne, Toulouse.
  • « Bannières de Mai », Théâtre Garonne, 1992.
  • « Le Fief des Moribonds », quatuor 1993 représenté en 94 à la Biennale Nationale de danse du Val de Marne où il donnera également le trio « Champs d’errance ».
  • « L’os sur la nappe » autour de l’œuvre d’Henri Michaux, Duo construit avec le metteur en scène Michel Mathieu en 1994.
  • Champs d’errance 1995 (Théâtre Jules Julien, Toulouse)
  • Fruit défendu 1996 (Scène Nationale d’Albi)
  • CROSS 1997 (Scène Nationale d’Albi)
  • Trouvez Hortense 1998 (La Halle de Moissac)
  • La mémoire des saisons 2008, au RING du théâtre 2 l’Acte (Groupe Hortense)
  • Una temporada en El infierno ou le Livre de la folie 2007 (en collaboration avec le Teatro Varasanta de Bogota), (Théâtre National de Toulouse et Festival Ibero-americano de Bogota 2008)
  • De Chair et de Pierre à l’usage du temps 2014 (17 intervenants /Château de Laréole 31)
  • ROUSCAILLA & ROUSCAILLOU ( Théâtre du Chapeau Rouge, Toulouse 2016).
  • Le Songe d’une Nuit d’été , 2017, création pour une dizaine d’intervenants, danseurs/acteurs /musiciens, en collaboration avec l’acteur, metteur en scène , Philippe Dupeyron, Château de Laréole (31)

« Alchimie d’états d’âme « (86), « Réminiscence »(87), « De Mémoire d’Amnésique » (88), « Le Fief des Moribonds »(94), « Le Monologue du Chien » (94). Photo Jean Gros-Abadie.

A la suite de son solo « Le monologue du chien » proposé à la Biennale du Val de Marne en 1994, Pascal Delhay va assouplir sa construction spatiale et jouer beaucoup plus librement avec ses découvertes musicales.

Pascal Delhay, Le Monologue du Chien, théâtre des Mazades, Toulouse, 1994.

Rétrospective vidéo de KLASSMVTE

Rétro-Perspective_KLASSMVTE 1986-2009
Ce montage retrace une partie du trajet effectué avec la Cie KLASSMVTE de 1986 à 2009.
La Cie KLASSMVTE de 1988 à 1995 était composée de Amalio Rodriguez, Nathalie Carrié, Muriel Barra & Pascal Delhay son fondateur et chorégraphe.
Vous y trouverez des extraits divers, dont certains en Duo avec des compagnons de route de Pascal Delhay, dont Michel Raji, Monica Ortega-Daniel ou Lionel About.

Rétro-Perspective KLASSMVTE 1986-2009

Extraits :
– 1 / 0 – 3’21‘’Alchimie d’états d’âme 1986 (Entité Danse St Cyprien, Toulouse) Avec Pascale Péré
– 2 / 3’22’’ – 6’49’’ De mémoire d’Amnésique 1988 (Théâtre des Mazades, Toulouse)
– 3 / 6’50’’ – 15’22’’ Matinée d’ivresse 1989 (Théâtre des Mazades, Toulouse)
– 4 / 15’23’’ – 20’06’’ Les chercheuses de poux 1991 (Théâtre Garonne, Toulouse)
– 5 / 20’07’’ – 25’27’’ Les réparties de Nina 1992 (Théâtre Garonne, Toulouse)
– 6 / 25’28’’ – Bannières de mai 1992 (Théâtre Garonne, Toulouse)
– 7 / 33’20’’ – 38’49’’ Le fief des Moribonds 1993 (La Halle aux Grains, Toulouse)
– 8 / 38’40’’ – 47’10’’ Le fief des Moribonds 1994 (Théâtre des Mazades, Toulouse)
– 9 / 47’11’’ – 53’10’’ Champs d’errance 1995 (Théâtre Jules Julien, Toulouse)
– 10 / 53’11’’ – 59’34’’ Trouvez Hortense 1998 (La Halle de Moissac)
– 11 / 59’35’’ – 1h08’27’’ Chambre froide 2000 (Théâtre de la Digue, Toulouse) Avec Lionel About
– 12 / 1h08’28’’ – 1h16’32’’ Baile de la Conquista 2006 (Théâtre Municipal de Montauban et festival « ibero-americano » de Bogota 2006) Avec Monica Ortega-Daniel
– 13 / 1h16’33’’ – 1h22’58’’ Golem II 2015 (Théâtre Garonne, Toulouse)
– 14 / 1h22’58’’ – 1h37’19’’ Un arc-en-ciel pour l’occident chrétien 2008 (Le RING, Toulouse) Avec Michel RAJI.

Témoignages des Interprètes Passionnées

Témoignage de Muriel Barra :

Muriel Barra entre dans la compagnie Klassmute en 89 après son bac. Elle a participé en tant qu’interprète à toutes ses créations jusqu’en 98. Pascal continuait avec elle l’écriture qu’il avait développée avec Pascale Péré.

Ces 9 années ont été pour elle fondatrices car c’est avec lui qu’elle a fait ses premières classes. Elle s’inscrit dans une filiation qui lui a permis d’apprendre son métier de danseuse et de recevoir une vraie reconnaissance en tant qu’interprète. La 1ère pièce à laquelle elle a participé, « Matinée d’ivresse » lui a permis de réaliser son rêve, devenir danseuse et, très vite, d’en vivre. Elle en garde le souvenir d’une écriture extrêmement riche à la beauté novatrice. C’était il y a 30 ans mais elle se souvient du plaisir qu’elle éprouvait à danser une chorégraphie dont le propos et le fond étaient soutenus par un travail de groupe constant. Ces neuf années l’ont profondément marquée, comme un sceau sur sa propre danse. Celle de Pascal était extrêmement dynamique et prolixe, demandant une grande dépense physique et beaucoup d’énergie. Elle naissait d’une profonde intériorité pour trouver sa forme au bout d’un apprentissage répété.

Muriel Barra, Le Fief des Moribonds,1993. Photo Bruno Wagner

« Dans le travail, Pascal était généreux et infatigable. Il pouvait refaire un enchaînement 4 heures d’affilée pour le transmettre. » Pour arriver à incorporer et à reproduire son mouvement, il leur fallait souvent, Nathalie Carrié et elle-même le décortiquer, l’une captant le début, l’autre la fin car son écriture était d’une vivacité, d’une rapidité et d’une tonicité exceptionnelles.

Après « Matinée d’ivresse » son plus grand souvenir est la trilogie qu’ils ont dansée au théâtre Garonne en 91 : « Les chercheuses de poux, Les réparties de Nina et Bannière de mai ». Pendant cette saison-là, tous les interprètes se donnaient entièrement à la création jour et nuit. Il n’y avait plus de retenue ou d’obligations extérieures. « Nous pouvions travailler jour et nuit dans ce lieu aussi magnifique que le Théâtre Garonne ».

Par ailleurs Muriel Barra était impressionnée par la capacité de Pascal Delhay à travailler dans de nombreux domaines, que ce soit la couture, les bandes sons, la recherche vocale, la musique, la sculpture, le dessin, la peinture ou l’écriture.

En 1998, Muriel Barra termine sa collaboration avec Pascal Delhay qui abandonne de son côté la chorégraphie de « geste à geste ». Il pousse ses interprètes à créer leurs propres mouvements et à construire leur monde personnel. Muriel Barra s’est ainsi sentie « reconnue comme pouvant devenir la propre auteure de sa danse ». Au bout de quelque temps elle a pu créer sa compagnie dans un même esprit de rébellion.

Témoignage de Nathalie Carrié :

Nathalie Carrié a fait la dernière moitié de ses études de danse classique au Conservatoire d’Études Supérieures de Toulouse. Pendant les deux dernières années de sa formation elle savait déjà qu’elle ne se dirigerait pas vers la danse académique. Sa rencontre avec Pascal Delhay date de cette période. Il venait du jazz et s’orientait vers une liberté de plus en plus profonde. Elle désirait s’affranchir du carcan académique et technique pour partager l’aventure d’une recherche de groupe.

Au lycée St-Sernin, elle côtoyait Amalio Rodriguez, acteur, avec lequel existait une complicité artistique (entre autres) et elle l’a présenté à Pascal, qui s’acheminait vers la Danse/Théâtre.

L’aventure de Klassmvte et le travail chorégraphique qui en découlait correspondaient en tous points à son besoin et à son désir.

Cette rencontre lui a permis de vivre et de travailler à Toulouse comme elle le souhaitait (elle défendait le fait que Paris n’était pas un passage obligé pour être danseuse), mais surtout elle pouvait mettre son énergie (très proche de celle de Pascal par son côté « martial ») au service d’un groupe sans perdre sa personnalité. La compagnie représentait pour elle une véritable force et elle attendait la reconnaissance des institutions et du milieu artistique au regard de la qualité des spectacles, de la persévérance et de la ténacité de leur implication aux côtés du chorégraphe avec lequel elle s’est le plus et le mieux engagée.

Sa filiation lui semble évidente car ils ont évolué de concert, dans une même veine et dans la même voie pendant de nombreuses années.

Quand l’aventure de Klassmvte s’est terminée, elle avait forgé son regard artistique, déconstruit le formatage (corporel et philosophique) de la danse classique, trouvé sa voie dans une danse au plus proche d’elle, à même d’exprimer le temps présent ainsi que son rapport au monde…

C’est aussi grâce à cette collaboration qu’elle s’est approprié une liberté de création et de « mise en œuvre », même si la possibilité de reprendre et de peaufiner l’interprétation de certaines chorégraphies en retrouvant le plaisir d’interpréter plusieurs fois de suite le même spectacle lui a manqué. Pascal était rarement satisfait de ses créations et remettait toujours en question la représentation qu’ils avaient dansée. Il y a eu ainsi neuf versions de « De Mémoire d’Amnésique ».

Son exigence, dans l’apprentissage de la danse classique, s’est poursuivie dans le travail de recherche de Klassmute et continue de faire partie d’elle dans ses propositions chorégraphiques, scénographiques ou plastiques. « Amener une chorégraphie à terme, c’est la vivre jour après jour dans le renouvellement constant du recommencement ».

Ressentir l’évolution d’une pièce était pour elle en affiner l’interprétation en reprenant la même forme (modifiée par une écoute fine des variations intérieures de l’instant).

Cette remise en question permanente ne correspondait pas aux attentes des programmateurs et du public qui cherchent souvent à retrouver les formes qui les ont séduites. L’institution attendait la redite des spectacles de Pascal alors que ce dernier était toujours à la recherche d’un contenu plus juste ou authentique en ne reproduisant jamais la même chorégraphie.

Sa grande force se trouve dans son rapport à la musique, et l’une des influences majeures de Pascal Delhay a été pour elle, musicale. La multiplicité et la richesse de ses choix lui ont permis de sélectionner elle aussi ses supports musicaux. C’est dans la démarche créative qu’elles trouvent leur importance et chacun-e doit découvrir et suivre son propre chemin.

Grâce au travail avec lui, elle répond avant tout autre aspect à la question essentielle : « quelle musique pour quelle danse ? à quel moment ? ».
Il y a en effet de multiples relations dans sa recherche : l’influence de la musique (ou son absence) sur sa danse et la prise en compte entre autres du regard du spectateur (comment va-t-il percevoir ce qui est donné à voir avec cette musique ?).

Cette pratique de tous les jours fut une « véritable école du regard et de la perception ».

Les répétitions étaient quotidiennes à raison de 5 à 6 heures par jour après lesquelles les danseuses partaient donner des cours pour « assurer leur loyer » (le montant des subventions permettait de rémunérer les représentations mais pas tous les temps de travail) … un rythme fou mais qu’elle ne regrette pas… elle concrétisait le choix de vie qu’elle avait fait à l’âge de 8 ans et pour lequel elle avait œuvré. Elle a compris (entre autres) pendant cette période combien son propre rapport au corps avait été faussé pendant ses études. Le diktat du poids avait saccagé sa confiance. Ainsi elle était persuadée que son corps ne lui permettrait pas d’avoir un juste rapport au sol. Pascal lui a permis de comprendre que cette difficulté n’était qu’une question d’appuis à modifier.

Pour Nathalie, Pascal Delhay « se meut et crée par nécessité intérieure. La forme vient de ce qu’il ressent et non d’une gestuelle à représenter. Il manifeste extérieurement par sa gestuelle, un état organique ». Son cheminement jusqu’à l’improvisation dans l’instant se caractérise par une évolution constante, une genèse faite de déconstructions successives. C’est une « même matière de fond » qu’il vit à chaque fois de façon différente.

Sa danse est proche de l’art brut, paradoxalement, alors même qu’il est au travail de l’instant depuis toutes ces années avec assiduité, et persévérance. 

Venant du Conservatoire, il a été difficile à Nathalie de s’approprier cette danse organique qui « venait du ventre ». « C’est la force de ceux qui ne sont pas passés par une école. De désir en désir et de pratique en pratique, ils ont construit un chemin d’évolution personnelle. »
Elle évoque un souvenir de ses premières répétitions pendant lesquelles elle n’arrivait pas à trouver l’énergie et l’impulsion nécessaire pour donner un coup de poing ! …

Pour arriver à assimiler, reproduire et s’approprier ces mouvements organiques elle a dû passer par « l’analyse des trajectoires, des forces, des énergies, des transferts d’appui … regarder et comprendre les circuits inattendus d’une danse inédite et singulière. »

Cette expérience a été unique. Ce fut pour elle un véritable appren-tissage, une école de vie, de questionnements, de recherche, de réflexion, un dé-formatage, une déconstruction, pour être, éprouver et déguster le bonheur de danser.

« Ce que Pascal avait à dire était fort et singulier, intérieur et profond. Il y avait un vrai discours et une œuvre » à construire et à diffuser…

Pour elle, sa place était d’être dans la compagnie, au service de cette œuvre. Elle ne pouvait pas être ailleurs (hormis dans ses créations solo).

L’aventure de Klassmvte est une grande partie de sa vie de danseuse à laquelle elle est heureuse d’avoir participé. Elle ne peut imaginer ne pas l’avoir vécue car elle a profondément influencé ses réflexions philosophiques et ses choix artistiques…

Pascal était très exigent, ce qui était nécessaire pour arriver au résultat à atteindre. Au fur et à mesure, dans les spectacles, il a encouragé la création de solos par ses danseuses. Il proposait des musiques pour soutenir leurs recherches respectives et peu à peu elles se sont senties autonomes.

Après 20 ans de recul elle souligne la beauté et la force de ses spectacles :

« Quand tu danses quelque chose de plus grand que toi et que tu te mets au service de cela, il y a une puissance qui rejaillit dans ta vie… Ensemble, en groupe, nous étions acteurs de cette œuvre pour la porter, l ‘apporter et la partager avec le public. Chaque spectacle était différent mais il s’inscrivait en même temps dans une continuité, comme la suite d’une même histoire, d’un même propos. Il y avait un vrai bonheur dans la recherche qui nous a permis de vivre des moments de grande intensité. »

« Avec Klassmute, nous étions à la recherche d’une appropriation de l’origine de mouvements qui n’étaient pas les nôtres. Nous étions au service d’objectifs qui nous dépassaient. »

« Ces années Klassmute ont été pour chacun-e de nous, le terreau de notre devenir »

« Quelles traces avons-nous laissées dans la mémoire des spectateurs ? »

Propos recueillis par Cathy Riou Piquet

Le Soutien des Institutions Culturelles

Un premier soutien spontané de Jacky Ohayon, Directeur et co-Fondateur du Théâtre Garonne, Toulouse.

Lorsque Jacky Ohayon vit Pascal Delhay en 1990 lors d’une improvisation nommée « Les Fantômes Affamés » avec Michel Doneda et Michel Mathieu au théâtre Garonne, il le programma instantanément dans son théâtre la saison suivante. Ce qui représenta pour lui qui avait 29 ans, une rare opportunité de montrer son travail dans les meilleures conditions professionnelles.
Sa façon de porter l’écriture scénique et le corps, ainsi que ses projets ont permis à Jacky Ohayon d’entrevoir vraiment la naissance et le dessein d’un vrai parcours artistique ou d’un vrai parcours porté par un artiste.

« Quand on ressent une préoccupation forte, intime dans le travail, quand on reçoit l’écriture d’un artiste comme le jaillissement d’un langage singulier, quand on se demande d’où ça vient (et non où ça peut aller… question que déjà plusieurs se posent de manière différente) on a envie de fouiller et d’aider à approfondir une démarche et une voie personnelle.
Il est de notre responsabilité dans notre maison (le théâtre Garonne) de faire partager la perception qu’on peut avoir d’un parcours et la vision produite par un geste artistique.
 » Jacky Ohayon.

Il lui proposa alors trois rendez-vous dans une même saison pour confronter trois étapes de travail. Ce que Pascal dans sa grande prolixité prit pour une commande de trois créations !!!! Et ce qu’il fit !

Cette commande était d’importance pour ce chorégraphe qui avait quand même remporté en 1986 le concours international de Nyon, en Suisse, dès sa première pièce, et qui avait créé entre 1986 et 1991, 13 spectacles qui avaient été remarqués dans cette région Midi-Pyrénées.

 Cette proposition représentait aussi pour le théâtre Garonne une interrogation essentielle : « qu’avons-nous à faire avec un danseur, un chorégraphe, un interprète qui puisse apporter un élément supplémentaire au parcours que nous pressentions et qui se dessinait alors devant lui ? »

« Dans les années 90 les conditions de diffusion, les missions de développement du travail des jeunes créateurs et l’organisation du monde de la danse et de la chorégraphie étaient très différents. »

Cette trilogie permit par la suite à la compagnie Klassmvte d’honorer plusieurs rendez-vous avec le public du théâtre Garonne entre 91 et 99. Son travail évolua ainsi que les conditions de diffusion et de partenariat sur la ville. Pourtant « les enjeux, la reconnaissance des équipes indépendantes, les évaluations du travail ne permettaient pas vraiment l’essor possible d’un artiste. Le développement d’une compagnie tel qu’on l’entend aujourd’hui nécessitait de trouver des moyens à l’extérieur dans d’autres villes ou pays sur le territoire européen ».

« Il était difficile à cette époque d’être reconnu et soutenu par des pairs et de développer son travail à certains moments de son parcours tout en le médiatisant pour un plus large public. 

Il y a actuellement un peu plus de théâtres des organisations autour de la danse qui canalisent les équipes de demain. Les moyens aujourd’hui ne sont pas extraordinaires au niveau des compagnies indépendantes mais la reconnaissance des spectacles dans les réseaux est un meilleur outil pour trouver des dates et de nouveaux publics. La multiplication des relations et l’implantation du CDC ont depuis changé le contexte de la « sphère artistico-culturelle ».

La DRAC a sélectionné au début des années 90 quatre chorégraphes : Nathalie Desmarest, Eddy Maalem, Alain Abadie et Pascal Delhay. La présence de la compagnie Klassmvte au théâtre Garonne sur la saison 91/92 a permis à Jérôme Lecardeur (inspecteur de la danse pour le ministère de la culture) de repérer instantanément le talent brut de ce « jeune » chorégraphe.

Pascal est donc très naturellement reconnaissant envers Jacky Ohayon d’avoir à cette époque mis « la focale » sur son travail au sein de la compagnie Klassmvte, ce qui lui a permis d’avoir une visibilité accrue dans la région et au-delà, à un moment où la danse contemporaine prenait son essor.

La Compagnie Klassmvte, en plus de ses nombreux déplacements à l’étranger, Colombie, Turquie, Espagne, Belgique, Etats-Unis, Tadjikistan, a toujours été majoritairement implantée sur la Région Occitanie. La compagnie a développé dans les années 2000 des relations pérennes avec des partenaires régionaux comme par exemple l’Athanor d’Albi et le théâtre de Montauban, où elle se produisait régulièrement. La Région Midi-Pyrénées, la Mairie de Toulouse et le Conseil Général ne s’y sont pas trompés : ils ont toujours soutenu ce créateur fécond et iconoclaste à ses heures.

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contact : delhaypascal@gmail.com